Notre collègue Pauline Hosotte a
soutenu publiquement sa thèse de doctorat ès sciences, intitulée L’évaporation
du trafic, opportunités et défis pour la mobilité d’aujourd’hui et demain.
Cette recherche de quatre ans, sur une thématique orpheline tant dans la
littérature que dans la pratique de l’ingénierie, a été réalisée grâce à une
collaboration entre notre bureau et le Laboratoire de sociologie urbaine
(LaSUR) de l’EPFL, sous la direction du Prof. Vincent Kaufmann.
Défendue à huis clos quelques mois
auparavant, devant un jury de scientifiques et praticiens, la thèse a été
acceptée sans réserves et proposée à l’unanimité par ce jury pour le prix 2022 de
distinction pour une thèse remarquable.
Pourquoi
l’évaporation du trafic ?
Quotidiennement,
nous observons le phénomène dit d’évaporation du trafic, qui conduit à
constater qu’en cas de restriction de circulation volontaire ou non, une
certaine part de trafic « disparaît » spontanément, et parfois durablement.
Dans un contexte et une époque où la saturation des réseaux et la volonté de
réorienter les politiques de mobilité vers une meilleure maîtrise de la voiture
revêtent une grande importance, ce sujet est porteur de défis et
d’opportunités. Quasiment absent de la littérature scientifique et largement
méconnu, la thématique de l’évaporation du trafic méritait une plus grande
attention. Ce travail de thèse comble ainsi une lacune et les enseignements
qu’il apporte sont riches pour gérer non seulement la mobilité d’aujourd’hui,
mais également pour façonner celle de demain.
L’évaporation du trafic est parfois un sujet de
fantasmes : les plus ambitieux considèrent qu’elle devrait tout permettre,
les plus réticents que c’est un concept "fumeux". Certaines collectivités pourraient
être tentées d’intégrer une part d’évaporation dans chaque projet de
requalification de l’espace public, ce qui permettrait de faciliter l’action
publique. Il n’existe en effet aucun
consensus sur la valeur à lui faire prendre, ce qui permet, en gros, de mettre
un voile bien peu pudique sur tous les effets néfastes des politiques publiques
sur le mode voiture.
Pourquoi une
thèse ?
Puisque nous croyons en ce phénomène sans pour autant
penser qu’il suffit à justifier tout et n’importe quoi, nous avons voulu
étayer scientifiquement ce qui se cachait derrière l’évaporation, en nous
appuyant sur cette thèse. Le sujet n’est évidemment pas apparu aussi récemment
chez nous, mais nous espérons pouvoir consolider certaines situations en nous
appuyant sur ce travail, que nous jugeons important et fondateur pour de
nouvelles approches de la mobilité plus ambitieuse en cette période de crise
climatique.
Et la suite ?
Outre la
maitrise de ce sujet que nous transmettons à chaque membre de notre équipe et
la méthode que nous développons en ce sens au niveau technique, nous travaillons
à la rédaction d’un document vulgarisateur et appliqué à nos métiers. Il
prendra la forme d’une « pause technique », notre série de publications de
partage de connaissance dont le premier numéro sur la mobilité des femmes en
Afrique est sorti en 2021 et dont le second, consacré à l’essor du vélo à Paris
et les enseignements à en tirer, vient de paraître.
Vous voulez en
savoir plus ?
Pour échanger de manière plus spécifique à vos propres
enjeux autour de cette thématique d’actualité, nous organisons volontiers des séances
de présentation et de discussion particulières en présentiel ou visioconférence.