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Transitec Ingénieurs Conseil et
BJ Group ont mené une enquête sur l’impact du COVID-19 sur la mobilité
quotidienne des Marocains. Réalisée auprès de 1 063 personnes dans la
semaine du 27 mai au 2 juin 2020, celle-ci nous éclaire sur la manière dont les
ménages ont vécu le confinement et permet d’anticiper sur les pratiques de
déplacements.
La mobilité fortement ralentie par le COVID-19 et le
confinement
Comme dans beaucoup de pays, la
crise sanitaire liée au COVID-19 a eu des impacts brusques sur le mode de vie
des Marocains. Durant plusieurs semaines, la mobilité des personnes a subi un
freinage d’urgence, avec des effets importants sur les modes de transports. Le
nombre de déplacements est passé en moyenne de 4 à 0,9 par jour. La mobilité
qui a le plus réduit est celle pour les loisirs et la famille (pour 87% des
répondants) avec celle pour la santé (66% des répondants). En revanche, les
« déplacements contraints » pour les courses et le travail ont moins
fortement baissé, à l’exception des personnes qui ont suspendu temporairement
leur activité (37% des interrogés) et de ceux qui ont définitivement perdu leur
emploi (5%). Parmi ceux qui ont continué à travailler, 25% ont eu recours au
télétravail.
Les transports publics directement impactés et la vie de
quartier renforcée
L’utilisation du tramway, du bus
et des grands taxis a été divisée par quatre pour les déplacements
domicile-travail, particulièrement du fait de l’absence de déplacement. La
voiture a de son côté connu une simple baisse de 26 à 19 %. Tandis que la
marche à pied a maintenu une proportion stable (passant de 31 à 27 % pour les
déplacements domicile-travail).
Les déplacements à pied ont
été maintenus à un niveau élevé pour réaliser des achats. 76% des personnes
interrogées déclarent ainsi faire des courses à pied. Le tissu commercial
de proximité a donc été un atout pour les populations qui ont retrouvé une vie
de quartier.
Une mobilité réduite et une réticence à utiliser les transports publics après le 11 juin…
Interrogés sur leurs aspirations en termes de mobilité post-covid, la quasi-totalité des personnes souhaite revenir à leurs habitudes. Toutefois, une bonne partie des interrogés (entre 30% et 40%) renonceront aux déplacements pour les loisirs, la santé et la famille à cause d’une perte de revenu liée à la crise.
Les personnes interrogées
montrent une certaine réticence à l’idée de reprendre les transports publics.
Entre 16 et 18% considèrent qu’ils utiliseront moins le bus, les petits et les
grands taxis. L’équation risque d’être difficile pour ces services qui
risquent de voir une perte nette de recettes liée également aux principes de distanciation
physique. Alors que leur capacité est réduite de 50% à 80% en fonction des
modes, des mesures devront être mises en place pour soutenir leurs activités. Dans
un premier temps, il s’agit d’étaler les heures de pointes en décalant, dans le
temps, la mobilité des personnes. Ensuite, les pouvoirs publics devront être
vigilants face au risque de faillite et envisager des évolutions tarifaires
voire des subventions d’exploitation.
… mais de nouvelles opportunités pour mettre en place une
mobilité durable
Le confinement aura fait prendre
conscience des impacts de l’activité humaine sur l’environnement : l’air
des centres-villes était beaucoup moins pollué, le bruit du trafic a disparu,
etc. Par ailleurs le confinement aura été synonyme pour certains Marocains d’un
retour à une vie de famille au quotidien et d’un bouleversement du travail.
La moitié des personnes qui
ont eu recours au télétravail souhaitent conserver ce mode de fonctionnement
après le déconfinement, au moins occasionnellement. Le télétravail est donc
un allié potentiel pour réduire la mobilité et ainsi décongestionner les transports
publics et les routes. En favorisant cette pratique un à deux jours par
semaine, cela peut permettre de fortement réduire en heure de pointe les
déplacements domicile-travail.
La vie de quartier peut être valorisée autour du commerce de proximité. La ville des courtes distances permet de maintenir un taux élevé de déplacements journaliers effectués à pied ou à vélo, c’est-à-dire avec des modes non polluants et bons pour la santé.
Enfin, 34% des interrogés se disent prêts à faire du vélo, particulièrement les moins de 34 ans. Etant donné que 47% des actifs travaillent à moins de 5km de leur domicile, le potentiel d’utilisation du vélo est considérable. Même si dans les plus petites villes, l’utilisation du vélo est souvent déjà importante, les infrastructures restent inadaptées. Tandis que le vélo revient en force dans toutes les villes européennes après des décennies d’une planification urbaine pro-voiture, les villes marocaines ont l’opportunité de sauter le pas en proposant, dès aujourd’hui, des politiques cyclables innovantes.